Le rapport du sénateur Duran sur les conventions ruralité a été rendu public le 20 mai.
C’est une véritable catastrophe pour le monde rural. Il va bien au-delà des pires craintes qu’on pouvait avoir ! Il concerne toutes les écoles rurales dans leur ensemble.
C’est bien simple : elles sont vouées à disparaître en dessous de 4, voire de 5 classes. Seul le délai n’est pas précisé.
IL EST TRÈS IMPORTANT QUE TOUT LE MONDE EN PRENNE CONNAISSANCE
TOUS SONT CONCERNÉS, Y COMPRIS CEUX QUI ONT CÉDÉ AUX SIRÈNES DES RPI !!!
À l’occasion du 3e comité interministériel aux ruralités, Alain Duran, sénateur de l’Ariège, a remis son rapport sur la mise en oeuvre des conventions ruralité, le 20 mai 2016, au Premier ministre Manuel Valls, en présence de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de Patrick Kanner, ministre de la Ville de la Jeunesse et des Sports. Ce rapport présente 12 recommandations pour une contractualisation efficace entre l’éducation nationale et les élus locaux en intégrant l’ensemble des problématiques auxquelles sont confrontés les territoires ruraux et de montagne.
Le texte intégral est téléchargeable ici :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/05_-_mai/43/8/Rapport_mise_en_oeuvre_conventions_ruralite_definitif_580438.pdf
Vous pourrez noter page 27 que notre département est en cours de signature.
C’est long à lire et indigeste ; en voici quelques extraits commentés :
Les choses sont maintenant claires :
Le rapport d’Alain Duran remis à Valls le 20 mai 2016 recommande les fermetures d’écoles jusqu’à 4 classes
Les RPI ne sont que le 1er étage de la fusée, il deviendront très vite concentrés et on assistera inécluctablement à la disparition programmée de l’école rurale et par là-même au détricotage du tissu rural.
page 31
En contrepartie, les élus locaux doivent accepter d’engager une démarche de travail avec l’éducation nationale et entre eux, ayant pour objectif l’amélioration de l’offre scolaire sur les territoires, notamment par la diminution des écoles à classes uniques ou à moins de trois ou quatre classes, lorsque cela est pertinent, par une évolution des RPI dispersés vers des RPI concentrés, par l’implantation sur le terrain des dispositifs « scolarisation des moins de trois ans » et « plus de maîtres que de classes », et par le développement du numérique éducatif (équipement des écoles pour l’accès au haut débit).
Tu regroupes et tu auras la possibilité de scolariser les moins de 3 ans, d’avoir plus d’enseignants et de la fibre
Elle est pas belle la vie ?
Page 35
Au niveau national, la dernière décennie 2005‐2015 a été caractérisée par une hausse continue, année après année, des effectifs scolaires du 1er degré public. Alors que 5 726 400 élèves furent recensés à la rentrée scolaire de 2005, ils étaient 5 885 270 lors de la rentrée des classes de 2015, soit une augmentation de 2,77 % des effectifs en dix ans. et donc 160 000 élèves de plus ou 16 000 élèves de plus par an
C’est contraire au motif de baisse évoqué pour justifier la mise en place de cette politique
toujours page 35
Un renversement de tendance se profile pour les années scolaires à venir, avec une décrue totale de plus de 25 000 élèves dans le 1er degré public projetée sur l’ensemble du territoire national à l’horizon 2018.
C’est ballot cette perte future soudaine de 25 000 élèves en 3 ans “sur l’ensemble du territoire national”, page 4 ce n’était que dans les territoire ruraux qu’il y avait cette baisse
encore page 35
Depuis un certain nombre d’années, on constate dans les territoires ruraux une baisse des effectifs du premier degré à tendance structurelle. Dans la vingtaine de départements les plus marqués par la ruralité, on observe sur la période 2011‐2014 une baisse de l’ordre de 10 000 élèves. Sur la période 2015-2018, 25 000 élèves manqueront à l’appel
Le plus curieux c’est qu’aucune explication n’est donnée sur les raisons de cette baisse
Une erreur sur le tableau page 36 : 2007/2008 au lieu de 2018
Et tout ça est balancé dans la quasi indifférence générale. Aucun esprit de révolte.
C’est à la fois triste et affligeant…
Pourtant les lendemains s’avèrent sombres pour la ruralité. On savait bien que le délai de grâce de 3 ans accordé aux « gentils maires » qui signaient et formaient un RPI n’était qu’une carotte. Certes, ils croyaient bien faire…
Mais cette fois, c’est écrit noir sur blanc :
– diminution des écoles à classes uniques ou à moins de trois ou quatre classes
– évolution des RPI dispersés vers des RPI concentrés (les maires qui ont signé perdront quand même à terme leur école, c’est déjà le cas dans d’autres départements)
L’administration a préparé le terrain, avec la complicité plus ou moins consciente des grands élus et après, elle va tailler dans le vif.
Facile : personne ne proteste !!!
Je souhaite me tromper, mais il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le soi-disant « sauvetage » des écoles rurales n’est rien d’autre qu’un énorme mensonge (parmi tant d’autres !).
Mensonge parce que dès janvier, l’administration était informée des conclusions du rapport Duran remis le 20 mai au ministre.
Pour preuve le témoignage d’un maire de Seine-Maritime :
Comme précisé lors de notre entretien téléphonique de ce jour, j’ai assisté en qualité de membre de la Commission des élus à la réunion de la D.E.T.R. le jeudi 21 janvier 2016 à 14 heures 30 à la Préfecture de l’Orne.
Lors de cette réunion, Madame Le Préfet de l’Orne (Isabelle DAVID) a proposé que l’accord de dotation au niveau des travaux des écoles soient désormais réservés aux structures à au moins cinq classes.
Ce qui a provoqué une vive réaction auprès des représentants élus des communes rurales du département présents à cette commission. Suite à cette réaction, Madame Le Préfet a proposé que la décision soit ramenée aux structures à au moins quatre classes pour cette année.
Mensonge parce que Philippe Ruelen (instit dans le Rhône) avait été menacé d’une sanction pour avoir « osé » dire que l’administration avait pour objectif de fermer les écoles de moins de 4 classes. Contre-vérité selon son DASEN. Or là c’est écrit et assumé.
Mensonge parce que l’enfant n’a jamais, au grand jamais été au centre de cette politique
Mensonge parce que… tout en fait n’est que mensonge et manipulation dans cette sinistre volonté de regrouper à tout prix pour des raisons purement économico-politiques.
La machine est en marche, la ruralité doit mourir, et on demande aux élus de collaborer…